Si on parle de musiques électroniques, il est indéniable que l’Allemagne regorge de talents. « Germans do it better » et KOMPAKT Records en est la preuve. Dans la famille « je viens de nulle part mais j’épate tout le monde » je demande Georg et Marius, qui forment le duo Coma. Pourquoi Coma ? Une histoire de prénom : l’union de Conrad (2ème prénom de George) et de Marius. Bref… Quelque part dans l’antre du Petit Bain, entre les balances et leur montée sur scène, c’est au coin d’un hublot qu’ils ont accordé un moment au Mouvement Planant…

comalive
LE PETIT BAIN – 9/08/2013

MP: On va commencer simple vu qu’il n’y a pas tant d’infos que ça sur vous sur le web : comment vous vous êtes rencontrés ? Comment votre duo s’est-il formé ? Marius : On s’est connu quand on était ados, ça remonte à un moment ! On s’est installé à Cologne lorsqu’on avait 20 ans. La scène électro était assez importante à l’époque, ça nous a donné envie d’en produire nous aussi.

George : On a commencé à faire de la musique au lycée. Tu sais, le genre de trucs classiques quand tu veux monter un groupe : tu achètes une batterie, puis une guitare…

Marius : on a pas étudié la musique, ni pris de cours de solfège ou autres… On a appris sur le tas, en autodidacte. Ce qui fait qu’on a essayé plein d’instruments ! J’ai même eu un banjo un jour (rires) Georges a commencé avec la batterie, et moi avec la guitare. Par la suite on s’est échangé nos instruments, car on s’ennuyait ! Notre musique a pris un tournant électronique lorsqu’on s’est installé à Cologne. C’était une question pratique aussi. On peut composer tranquillement chez nous au casque ; on ne pouvait pas louer de salles de répétition, elles étaient trop chères. Et puis, les rencontres qu’on a faites nous ont donné envie d’aller dans cette voie.

MP: Quelles sont vos influences ?

Georges : Quand on était plus jeune, on s’inspirait de groupes comme Radiohead ou Pavement, on écoutait beaucoup d’indie rock.

Marius : Les influences électro sont venues par la suite, avec toutes les rencontres que l’on a faites, notamment avec les gens de Kompakt.

MP: Comment vous les avez rencontré ?

Marius : C’était en 2007, lors de notre premier show dans un festival en Allemagne (ndlr : le C-O Pop festival) on jouait sur la scène des « jeunes talents ». Ca a été le tout premier contact.

George : Puis Tobias Thomas nous a invité à jouer à une Total Confusion, soirée très populaire à Cologne et en Allemagne. C’est ce qui nous a permis de réellement nous faire connaître du public et de l’équipe de Kompakt.

MP: C’était un challenge pour vous d’être signés sur un label d’une telle renommée ?

George : Pas vraiment, mais c’était étrange de nous savoir aux côtés de stars comme Superpitcher et Michael Mayer.

Marius : étrange ouais, mais aussi super excitant. Au départ on pensait que la techno c’était de la merde, car dans le bled où on vivait, on avait pas accès à de l’électro de qualité. Le plus surprenant c’est de voir des personnes qui gagnent leur vie grâce à la musique, qui ont du succès, mais ces gens là sont bien à tes côtés, tu pars en tournée avec eux, et ils t’apprennent plein de choses. C’est aussi l’une de nos sources d’inspirations.

MP: Venons en à votre album. C’est votre tout premier long format, et vous avez fait une vidéo making-of où vous expliquez pas mal de choses sur la création de ce disque. Notamment le fait que vous avez pris du temps pour le faire (3 ans), et que vous avez eu un peu de pression de la part de vos proches…

George : oui c’est vrai… on aurait peut être pas dû en parler en fait !

Marius : quand tu as ton propre studio et que tu peux accorder tout le temps que tu veux à ta création, alors c’est peut être pas si long trois ans !

MP: Dans cette vidéo vous dîtes également que vous avez utilisé « des rythmes qui n’étaient pas forcément réguliers, ou des sonorités qui vous semblaient interdites de prime abord ». Qu’est qui vous a amené à penser que seuls des rythmes réguliers pouvaient avoir leur part dans votre création ? Quelles sont ces sonorités qui vous paraissaient interdites ?

Marius : Cette histoire de rythmes, c’est dû au fait qu’on évolue dans un style musical qui n’est pas à la pointe de la tendance, du coup, au départ on s’est concentré sur des rythmes basiques, comme un rituel. Et ces sonorités « interdites », ce sont tous ces sons de synthé, que tu retrouves pas mal dans l’italo disco par exemple. Parfois en composant (notamment le morceau Hooooray) on se disait que c’était un peu too much.
Il y a tellement mieux à faire que de composer des morceaux merdiques taillés pour les clubs, et qui feront fureur sur le dancefloor ! Un album doit aussi pouvoir s’écouter avec plaisir chez soi, au calme. Il faut qu’il y ai un peu des deux.

MP: Si votre album devait raconter une histoire, laquelle serait-elle ? (silence) Enfin, s’il y en a une ! (rires)

George : Lorsque tu écoutes nos précédents EPs, tu te rends compte qu’on a pris du recul. On a tenu à être complètement naïfs dans notre façon de créer, et de faire des expériences avec nos instruments.

Marius : Comme lorsque tu joues de la musique pour la première fois, que tu testes tes premières compositions, ou quand tu essayes un nouvel instrument.

George : On avait aussi besoin de se connaître en tant qu’artiste, ce qui n’était pas forcément le cas lors de la sortie de nos premiers EPs. Il faut parfois du temps pour savoir réellement ce que tu as envie de créer. Il nous fallait également du soutien de la part du label. Lorsqu’on a fait écouter des démos à Michael Mayer, il nous a encouragé à poursuivre et nous a fait confiance. On avait besoin de ça pour aller de l’avant.

Marius : L’autre différence avec nos EPs, c’est qu’on laisse vraiment la part belle à nos influences pop, avec des voix sur certains morceaux…

MP: En parlant de voix, ce sont les vôtres n’est ce pas ? Vu que vous n’avez pas pris de cours ou autre, cela n’a pas dû être évident de se retrouver derrière un micro ?

Marius : on chantait déjà à l’époque où on jouait dans des groupes, au lycée…Mais cela ne veut pas dire qu’on est des pros ! (rires). Lorsqu’on écoute des disques sorti ces dernières années, des gens comme MGMT ou Superpitcher ne sont pas de très bons chanteurs mais d’excellents producteurs.

George : on improvise avec les sonorités et les effets qu’on peut donner à nos voix, on les utilise comme des instruments à vrai dire.

MP: Ca vous dirait de bosser avec des groupes comme Aluna George ?

George : carrément, on a déjà bossé avec Dillon aussi…C’est toujours une bonne expérience que de collaborer avec d’autres artistes.

Marius : On a passé une journée en studio avec Dauwd récemment, le lendemain d’une soirée où on l’avait invité à jouer. On a enregistré trois démos, mais on ne sait pas ce qu’on en fera… en tout cas on s’est amusés ! Je pense qu’on fera d’autres collaborations de ce genre.

MP: Avec qui d’autre par exemple ?

Marius : (hésitations) Je ne sais pas trop en fait ! (rires) mais on en connaît des artistes… On était avec Gold Panda hier. En fait, on le connaît depuis pas mal de temps, on échangeait via MySpace ! Depuis on s’est vus à plusieurs reprises et avons joués aux mêmes événements… Nous n’avons jamais fait de sessions en studio avec lui mais qui sait… Peut être qu’on l’invitera à Cologne, ou alors nous irons à Berlin… Peut être !

MP: Vous jouez live ce soir, c’est de moins en moins fréquent de nos jours. Il existe toute une vague d’artistes qui s’équipent du minimum pour jouer devant leur public ; c’est quelque chose qui vous parle ? Vous en pensez quoi ?

George : Tout dépend de la musique que tu joues. Cela dit ça peut être très pratique en termes de transport ! Mais un Dj set ne capte pas autant d’attention qu’un live. Parfois dans les clubs, le public ne reconnaît même pas que tu joues tes morceaux en live.

Marius : c’est vraiment bizarre car on a tout de même un peu de matos sur scène, mais il y a toujours quelqu’un pour nous demander de passer du Kalkbrenner. C’est assez rare mais… quand même ! Techniquement, on pourrait aussi s’équiper du minimum. Certains le font très bien, ils n’ont qu’à faire quelques branchements et hop, ça rend super bien.

MP: C’est peut être moins « magique » ?

Marius : Certes, mais c’est en club, tout le monde s’en fiche !

George : Dans les clubs le son est fort et c’est quasiment tout ce qui compte. A l’oreille, un live ne sonnera pas pareil et n’aura pas le même effet sur les gens. Avec ce qu’on fait, cela n’aurait pas de sens si on avait qu’un ordinateur et un MPC. Pour nos premiers shows on n’avait pas autant d’équipement. On a ajouté la batterie électronique, et la basse. Comme ça, le public peut plus facilement voir que l’on joue en live.

Marius : et puis c’est tellement plus fun comme ça !

MP: Et en tant que spectateur, qu’est ce que vous préférez voir ?

Marius : Pour ma part, je déteste les lives en clubs. Ca me semble trop bizarre, comme si ça n’avait pas sa place. Je préfère les dj sets. Si je veux voir de la musique live, je préfère aller en concert, le cadre est plus favorable et j’apprécierai mieux la musique.
Mais c’est étrange car on joue en live dans des clubs ! (rires)

MP: Pour terminer, vous pouvez nous dire ce que vous écoutez en ce moment ?

Marius : On est pas très au courant des dernières sorties en électro mais j’ai quelques morceaux de Rone sur mon téléphone. Il a beaucoup de succès en France je crois… mais personne ne le connaît en Allemagne !

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Interview : Sarah Charifou et Sophia Chanca