L’été dernier, quelque part entre la brume et les vagues du fort de Bertheaume, nous découvrions Le Comte et sa musique, à l’occasion du festival Visions. Il nous offrait alors un moment unique, une bulle de douceur dans la folie bretonne. Le Rennais, dont le premier EP, Chaleur et Mouvement, est actuellement réédité, nous avait déjà offert un cloudcast onirique. Il nous revient cette fois-ci tout au fond d’une crypte… Vous avez dit magique ?

Mouvement Planant : Tu te produiras le vendredi 17 mars au Paris Music Festival qui réunit différents artistes dans des lieux parisiens insolites. On te retrouvera dans la crypte archéologique de Notre-Dame de Paris, ce qui promet d’être intéressant. Quelles sont tes impressions et projets pour cet évènement à venir ?
Le Comte : Ma toute première impression a été « WAW » haha, rien que le nom fait rêver. Puis je suis allé voir quelques photos sur leur site, et le lieu a l’air complètement incroyable… On peut y observer les fondation de Lutèce, caresser des yeux une partie de notre histoire et s’en imprégner. J’ai eu les larmes aux yeux plusieurs fois en visitant Rome, plusieurs fois la sensation de fouler 2000 ans d’histoire du pied, et j’espère que ce lieu va être propice aux mêmes rêveries, à cette même ballade mentale. Je ne prépare pas quoi que ce soit de particulier selon les lieux, je fais juste en sorte de m’y adapter selon ce que je ressens sur place, de proposer ce que moi j’aimerais y entendre. C’est pour ça que j’essaie aussi souvent de me placer à un endroit où je peux moi aussi adopter une position de spectateur, voir comment le tout fusionne ou nom.

Avant Notre-Dame, tu t’es notamment produit l’été dernier au Vision Festival sur le fort de Berthaume, un autre lieu surprenant. Y gardes-tu un souvenir particulier ?
C’est vrai qu’on me fait souvent jouer dans des lieux particuliers, j’ai vraiment de la chance avec ça haha. Pour visions c’était une ambiance très spéciale, et plutôt parfaite : après deux jours intenses de festival, de concerts et d’excès, le fort de bertheaume s’est réveillé le dimanche sous la brume, qui a apporté une fraîcheur idéale à la gueule de bois généralisée. J’ai joué juste devant la mer, et essayé de simplement accompagner le spectacle donné par la brume sur la mer derrière moi. J’ai été aidé par quelques apparitions de bateaux créant les climax parfaits pour mon show, et ce moment avait cette douceur idéale pour l’évasion.

« J’essaie que ma musique soit immersive oui, mais jamais intrusive »

Penses-tu ta musique en lien avec ce genre de scénographies et d’ambiances particulières, plutôt immersive voire quasi mystiques ?
Je n’y pense pas en amont non, mais il est vrai que j’aime jouer dans ce genre de lieux propices aux ballades mentales, au rêve et à l’évasion. J’essaie que ma musique soit immersive oui, mais jamais intrusive. Qu’elle puisse accompagner un sentiment de solitude ou d’évasion sans jamais l’imposer. Le côté mystique, on m’en parle pas mal, mais je crois qu’il s’agit surtout de l’interprétation que chacun pourra en avoir. On verra bien devant ces belles pierres chargées de 2000 ans d’histoire de la crypte si je réveille quelques fantômes haha.

On se souvient par exemple de la vidéo présentant le titre Kaitlyn, un moment de grâce au bord de l’eau. Y a t-il des endroits où tu rêverais de poser tes machines ?
J’en ai quelques uns en tête oui. J’aimerais jouer dans le noir complet pendant la nuit des étoiles filantes, dans un musée d’histoire naturelle, en pleine forêt ou à l’inverse dans des lieux très industriels. L’avantage de mon setup, c’est qu’on peut plus ou moins l’installer partout : une sono, une prise de courant suffisent. C’est un choix depuis le début, de pouvoir être très souple techniquement pour pouvoir m’immerger dans tous types de lieux.

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Peux-tu justement nous raconter ton processus de création et évoquer tes étonnantes machines qui peuvent sembler bien mystérieuses au premier regard ?
Le processus de création est généralement assez simple : je branche tout, je joue, j’improvise, et à un moment une idée particulière me titille l’oreille. À partir de ce moment là, je vais la jouer jusque dans ses retranchements, pouvant rester 25 minutes sur les mêmes 4 notes pour voir si leur force peut affronter le temps. Pour mon installation, rien de bien compliqué au final, juste un ensemble de synthés divers tous connectés à une table de mixage et quelques effets. Même si elle parait assez complexe, elle reste limitée, et m’impose d’elle-même ue forme de simplicité.

Tu as sorti ton premier EP, Chaleur et Mouvement, il y a quelques mois. Peux-tu nous reparler de ce projet et de ces quatre jeunes femmes ?
Je pense que j’en ai déjà trop parlé haha. L’important, ce n’est pas forcément ce que ces prénoms représentent pour moi, mais ce que l’auditeur va pouvoir projeter de sa propre histoire en eux.

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Un mot sur le visuel de l’album, signé Annabelle Bihan ?
Annabelle est une amie depuis longtemps, et avait posté ce dessin il y a quelques temps sur instagram. J’ai tout de suite aimé cette femme en apesanteur, sans visage, dont le corps se mélange avec un cormoran plongeant. On ne sait pas trop si elle reste là, flottant entre deux eaux, ou si elle est elle-même tirée vers le fond par le volatile. C’était une belle métaphore de ce que j’avais mis en musique, et un petit clin d’oeil au canard tatoué sur mon bars droit.

Dans ta bio, on retrouve ponctuellement la citation « Everything changes permanantly. How boring if it wouldn’t. » de Klaus Schulze. Qu’est-ce que ces mots provoquent en toi aujourd’hui ?
C’est une référence à toutes ces machines que j’utilise, qui sont vivantes, instables, et qui ne feront jamais deux fois le même son, même sur une boucle de trois notes. C’est ce mouvement perpétuel, presque organique, qui me permet de miser sur autant de simplicité.

« j’aimerais jouer dans le noir complet pendant la nuit des étoiles filantes »

Toi qui vient de Rennes, y a t-il des chose intéressantes à y découvrir en ce moment ?
Il se passe pas mal de choses en ce moment oui, et on a pas mal de bons groupes. J’aime particulièrement Timsters (qui joue aussi à la crypte le 17 Mars justement), Rouge Gorge, Born Idiot. Puis je ne peux pas ne pas mentionner l’album de Juveniles (dans lequel je m’occupe de toute la section électronique live) qui sort dans un peu plus de deux semaines. Tellement impatient de repartir sur la route avec ce projet.

Enfin, as-tu des projets, des rêves, des voyages à venir ?
Retourner en Corée et rendre visite à un très bon ami qui a un restaurant français à Busan, dans le sud du pays. Mettre en lumière ma musique ou bosser sur une musique de film, tenter des choses plus expérimentales… bref, creuser un peu plus les possibles de ce projet.

Le Comte, Paris Music Festival, le vendredi 17 mars 2017 à 16h15 dans la crypte archéologique de Notre-Dame de Paris. Billets disponibles ici.

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