Timothe Mathelin aka shift. est graphiste, photographe et illustrateur pour bon nombres d’artistes musicaux, issu de la scène ambiant, idm, cyber, noise, il nous donne aujourdh’hui sa vision NO FUTURE.
Salut Timothée, en premier lieu d’où viens tu ?
Je viens de la région de Lyon. Je suis né à quelques centaines de kilomètres de la ville. J’ai pas mal bougé avant de revenir m’y installer il ya 2 ans maintenant.
Quelle est ton histoire, ton parcours avant d’être devenu shift. ?
J’ai fais des études dans le multimédia, j’ai pas mal voyagé ces dernières années, j’ai passé beaucoup de temps sur Photoshop et Internet pour apprendre des techniques et découvrir des artistes, j’ai fais beaucoup beaucoup de photos, et j’me suis construis un petit réseau depuis quelques temps pour ne faire aujourdh’ui exclusivement que du graphisme lié au secteur musical et plus précisément celui de la musique électronique. Voilà.
J’ai pu connaitre ton travail via «Laboreal», Maxime Robin de son vrai nom. Un artiste abstract, ambient qui est en étroite collaboration avec le Mouvement Planant. Anciennement connu sous le nom de PIX, tu avais pu lui faire sa pochette, te souviens-tu?
Oui, c’était plutot vers mes débuts du graphisme, quand je vivais à Nantes. Je lui avais fais une pochette qui représentait un cerveau faisant office d’œuf dans une boite crânienne, qui elle, était le nid. La musique de Pix était chouette je me rappelle.
A travers tes créations, on ressent une certaine atmosphère inspirée tout droit des films de Science-Fiction, peux tu nous faire partager tes inspirations cinématographiques liées a ce genre avant-gardiste?
Je répète souvent les mêmes trucs quand je parle des mes influences liées au cinéma, elles sont assez évidentes en effet. Tous les trucs des années 80/ 90 et du courant cyberpunk sont les bases chez moi. Après, dans l’image cinématographique, il y a des choses que j’aime qui reviennent toujours. Au delà des films SF, j’aime surtout les films très contemplatifs et souvent lents. Déformation professionnelle oblige, c’est quand l’image devient vraiment propos au scénario ou même que cela dépasse la notion de scénario que cela me parle le plus… Les longs travellings ou les panoramiques très fluides, les plans fixes majestueux ou les lumières très “léchées”, c’est le travail d’ambiance en gros qui me parle, visuel mais aussi sonore. Quelques titres qui reflètent pas mal ça du coup: Elephant, Barry Lindon, Blade Runner, Stalker, The Mirror, The Tree of Life, Hana Bi, Distance, Drive, In the Mood For Love, et pas mal d’autres…
Quelles sont tes inspirations autres? Quelles techniques pratiques tu principalement?
La musique électronique, les voyages, le ciel, l’espace, les arts martiaux je crois aussi… un paquet d’autres trucs encore.
Au niveau techniques et ressources: Mes photos. Photoshop. Un peu de 3D. Une Tablette graphique.
Tu as travaillé avec de nombreux artistes que l’on post ou podcast, comme Access to Araska, Life in a Box et Melorman, que l’on pu podcaster il y a peu. Quelles sont tes autres collaborations dont tu voudrais nous parler?
Je ne travaille en effet qu’avec des musiciens, et c’est plutôt agréable. Le rapport et l’échange est assez informel et articulé autour de nos passions donc c’est cool. Il manque parfois selon moi le rapport humain direct et réel qui n’est pas toujours possible à cause de la distance géographique, mais dès que je le peux, j’essaye de rencontrer les gens pour qui j’ai bossé; à leurs concerts notamment.
Je n’ai pas forcément envie de parler d’un artiste en particulier, ça se passe toujours bien, surtout avec ceux pour qui je travaille régulièrement. Et puis je bosse rarement pour des gens dont je n’aime pas la musique, donc ça aide à ètre motivé, à bien s’entendre et pondre un truc qui colle avec ce que le musicien cherche.
J’ai également pu constater que tu étais en lien étroit avec anciennement «chroniques éléctroniques», aujourd’hui devenu SWQW, t’ on t-ils permis de lier des projet musicaux?
Pas vraiment non, mais ce sont des grandes gueules (surtout un) qui parlent bien de la musique et qui ont souvent raison, j’aime bien lire leurs chroniques. Je connais un peu les gars qui ont monter le label Voxxov Records à côté, je les ai aidé un peu pour du graphisme au démarrage de leur activité. Ils semblent bien lancés pour produire des releases très pointues et de qualité, orientées noise ambient cinématique. Je leur souhaite que ça marche même si c’est pas simple d’en vendre je pense.
As tu fais d’autres projets, expositions récemment ? Es-tu principalement sur du projet print /3D ou pratiques-tu d’autres supports photo, vidéos…?
Oui, j’ai fais des expos dernièrement et j’ai sorti mon artbook. J’ai écoulé pas mal d’exemplaires mais il m’en reste encore à vendre. C’est un gros projet, assez couteux mais dont je suis fier, car il retrace toutes mes dernières années de travail, et qui plus est, sur du joli papier. En terme de travail, je ne suis quasiment que sur du projet print / digital pour de la musique. A titre perso, je fais beaucoup de photos, et un peu de vidéo, mais rarement. J’aime vraiment l’ image réelle, ou en tout cas c’est ce que je veux travailler. Je suis fan de beaucoup de dessinateurs, illustrateurs, concept designer, des fois j’aimerais mélanger mes images avec plus de dessins, de la musique, créer de l’interactivité, du mouvement, mais je manque de temps, et j’aime en allouer ailleurs.
Tu participeras à l’exposition du 22 au 24 novembre à la galerie 126 de Rennes sur le thème de la refraction, organisée par le Mouvement Planant. Quelle à été ta vision quant à ce thème? Peux tu nous expliquer ton projet, avant que l’on contemple ce travail le mois prochain?
J’ai bien aimé ce mot en effet. Il représente bien la notion de déviation, de concentration, de masse etc. J’ai créé une image stellaire avec After Effects pour le contenu et Photoshop pour les lumières. J’ai voulu rassembler les idées de distances, de charges, de lumières, de poids, de zones mais sans rentrer dans le cliché de la ligne qui dévie l’optique. J’ai voulu représenter la réfracton par quelque chose de plus “lointain”. Je suis content de l’image car elle se regarde de près comme de loin. Elle est une forme, un environnement dans son ensemble mais est très chargée en détail lorsqu’on l’observe de près.
Toi aujourdhui? Mais toi demain? Que penses tu que l’on va devenir en ces temps apocalyp-tiques?
J’en sais rien. Probablement des patates encastrées dans des ptits vaisseaux qui parlent à leurs ordinateurs, comme dans Wall-E.
Je vois que sur ton site tu as des photo de l’Asie et surtout du Japon, peux-tu nous parler de ton voyage et ta série photographique?
C’est le pays qui me marque le plus, qui m’inspire le plus, qui m’interroge le plus. Comme beaucoup de gens, j’ai voué un culte pour le Japon. Là bas, j’y ai pris beaucoup de photos et en ai beaucoup réutilisé comme source pour mon travail graphique. c’était très simple de faire de belles photos au Japon. Tout est beau là bas. Il y a un sens du détail, de l’agencement, de l’organisation, de l’esthétisme mais aussi de la contradiction dans tout ce qu’ils entreprennent et qui me fascine, littéralement.
Je retourne là bas bientôt pour y retrouver de l’inspiration, et sûrement encore du désarroi. Je tâcherais de rester au plus loin de Fukushima par contre.
Enfin quand on écoute ton travail que peux t’on entendre? quels sont tes inspirations musicales actuelles?
Roly Porter, Shifted, Dadub, Tim Hecker, Oyaarss, Emptyset, Vatican Shadow, Aliceffekt, 36 et toujours un peu de Burial.
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